La semaine dernière, je vous disais que le pédagogue est un conducteur.
Celui qui s’occupait d’emmener le garçon de la maison à l’école.
Plus généralement, de quitter la maison pour le guider vers le savoir.
Ce guide pouvait être soit un chauffeur de bus, soit un chauffeur de taxi.
A propos des chauffeurs de taxi, j’ai reçu quelques objections.
Ils n’élaborent plus leur trajet me dit-on.
Le GPS le fait à leur place. Et eux, ils le suivent.
A ce sujet il m’est arrivé une expérience étonnante.
Avez-vous remarqué que quand vous demandez une direction à une personne âgée, elle ne vous donne pas l’adresse pour que vous l’entriez sur votre GPS de téléphone.
Elle vous donne des indications verbales.
Du type : après le coude, tourne à gauche, remonte vers la tour, après la pharmacie prend un petit chemin à droite…Cela m’arrive tout le temps.
A l’inverse, le GPS s’adresse à votre circuit réflexe.
Prendre la D64, la sortie 10, prendre la troisième sortie à droite.
Bref, le GPS donne des indications de forme.
Notre œil se fixe sur la route pour vérifier si la route qui part à droite correspond à celle qui s’approche sur notre écran.
Le stress monte, la panique parfois et la colère éventuellement.
Et surtout, je n’ai rien retenu du lieu que j’ai traversé.
Je serais incapable de le refaire seul.
Bilan du GPS : pas de mémoire, pas de plaisir, pas d’autonomie.
Mais stress et dépendance.
Or, lors des dernières vacances, pour quitter la maison de mes grands-parents, le phénomène s’est reproduit.
Je n’ai pas eu d’adresse à mettre dans le GPS, mais des indications.
"Monte vers Tarare, quand tu y arrives, tu verras une église à ta droite, tourne juste après, passe sous le viaduc et à ce moment là tu trouveras l’embranchement de l’autoroute."
J’ai dû mémoriser et je m’en souviens encore. Au volant, je guettais les indices donnés dans le paysage.
J’étais actif et je menais l’enquête pour déduire où j’en étais.
Aurais-je vu et retenu qu’il y a un viaduc à la sortie de Tarare ? Retenu la topographie ? Sans parler des questions qui me venaient de ces observations.
Merci à vous grands-parents, qui m’aidez à me construire une représentation éclairée des espaces que je traverse.
Avec les enfants, fonctionnons-nous comme un GPS ou à l'ancienne ?
Il m’apparaît évident que le GPS ne développe pas la pensée.
La méthode déroutante des grands-parents aide l’enfant à élaborer, à se représenter et à s’approprier l’espace.
Le monde est fait d’indices que j’apprends à relever et à conceptualiser. Cette approche est plus lente.
Elle nécessite davantage de mots. Et surtout demande de la préparation : c’est plus long de retenir des indications que de taper une adresse dans la barre du GPS.
Mais en échange, l’intelligence consciente se construit.
Bravo pour le P'tit biscuit : le GPS est plus facile mais l'explication orale est plus imagée et plus drôle, à condition de ne pas se tromper entre la droite et la gauche!!!!A bientôt Marie Gérard
J’ajouterais que l’intelligence consciente donne accès au sens ce qui maintient la motivation en éveil, condition essentielle, selon moi, à l’apprentissage.
Merci Valentin pour ce réveil réflexif !