Bonjour à tous ! Exceptionnellement, je commence par une petite annonce. L’école où je travaille à Marseille recrute ! Notamment un(e) enseignant(e) en maternelle (PS/MS), un Responsable Pédagogique et un Educateur ! Faites tourner les annonces.
La fête des pères approche
Et pour moi, c’est toujours compliqué de trouver une idée.
Je demande aux élèves d’écrire une lettre à leur père.
10 minutes plus tard…
La moitié de mes élèves restent devant une feuille blanche.
Est-ce que cela aurait-été le cas pour une lettre à leur maman ?
Parmi les professeurs de maternelle et primaire 93% sont des femmes en France.
Les responsables politiques devraient se préoccuper de la présence des hommes dans l’enseignement autant que dans le gouvernement ou les conseils d’administrations.
Et moi, dans mon quotidien,
J’ai souvent aussi à faire qu’à des mamans :
A la sortie de l’école, aux bulletins, aux fêtes d’école, aux sorties scolaires, aux réunions de parents…
Il me vient ce cri “Où t’est papa où t’es” !
Cri partagé par de nombreux enfants qui à leur âge n’en ont pas les mots
Et doivent attendre d’être chanteur, écrivain ou grand
Pour l’exprimer.
“Je voudrais décrocher la lune
Je voudrais même sauver la Terre
Mais avant tout
Je voudrais parler à mon père
Parler à mon père”
Parler à son père a une saveur unique, pas que pour Céline Dion.
Alors pour la fête des pères plus besoin de se cacher.
Ecrire une lettre
Provoquer l’occasion de la rencontre
Du temps d’un échange que je n’arrive pas toujours à avoir.
En classe, je tiens bon
Je laisse s’écouler les minutes encore un peu
Et miraculeusement, l’encre au bout des stylos plumes se dessèche
La source d’eau remonte à la surface.
“Tu es bien plus qu’un serveur qui rentre épuisé le soir : tu es mon père !”
“J’aime quand on se promène juste tout les deux sur le vieux port et que l’on regarde autour de nous”
“J’aime quand tu sors la friteuse”.
“Je veux aller me promener en montagne avec toi pour parler juste tous les deux”
Une de mes élèves reste encore bloquée
Je vais la voir pour l’aider.
La source a tari depuis bien longtemps.
C’est la sécheresse dans son coeur.
Il faut creuser plus profond.
Soudain elle se met à écrire
Bien après les autres
Et se met à se livrer sur 3 pages.
Il m’est donc apparu que parler à son père est un besoin aussi fondamental que respirer.
N’attendons pas les sujets d’orientation et de travail pour partager des bons moments avec nos enfants.
Ils nous attendent dès le plus jeune âge.
Boris Cyrulnik nous le rappelle.
L’enfant dit-il, grandit dans trois trois niches écologiques.
Nous ne pouvons pas nous développer ailleurs que dans nos milieux écologiques.
Notre première niche sensorielle est celle de l’utérus. Quand notre mère est malheureuse, les substances de son stress passent dans le liquide amniotique et modifient le cerveau de l’enfant qu’elle porte. Mais dès qu’elle est sécurisée, le cerveau du bébé reprend une construction résiliente comme le photographie la neuro-imagerie.
La deuxième niche sensorielle est celle de l’affectivité où le père prend sa place plus tôt qu’on le croyait, ce qui ouvre le monde de l’enfant.
La troisième niche est celle de la verbalité où les mots agissent sur le cerveau et où les récits familiaux et culturels déclenchent des émotions qui, à leur tour façonnent le cerveau et les réactions émotionnelles. Les pères ont aussi leur part à jouer.
Par bonheur, nous pouvons agir sur ces milieux écologiques qui agissent sur nous.
La fête des pères devrait plutôt être la fête des enfants et de leur papa.
De la relation père-fils et père-fille.
Bonne fête !
Et bon mercredi !