Il y a une question qui m’habite.
Cela fait maintenant plus de 10 ans.
C’était le sujet de philosophie du concours d’entrée à HEC.
Elle ne m’était pas posée – j’étais en première année de prépa.
Et c’était le sujet de mes aînés.
« Les images auront-elles raison de nous ? »
Je ne connaissais pas cette expression.
Ce que je compris, c’est que si j’étais né un an plus tôt, je me serais retrouvé 4h devant une copie, rêvant d’un dictionnaire pour trouver la définition de "avoir raison de".
Je restais stupéfait, admiratif devant mes aînés, qui se gardaient bien de commenter le sujet.
Je ne lus aucun corrigé.
N’en débattis avec personne.
N’y réfléchis guerre davantage.
Mais depuis, elle me colle à la peau.
Plus qu’aucun sujet de dissertation que j’ai traité.
Plus que de nombreuses autres questions qui m’ont été posées par des professeurs.
Huit ans après, elle est remontée à la surface de ma conscience.
Et je m’aperçois de son influence sur mes réflexions.
Aujourd’hui, ce qui m’intéresse, c’est de comprendre les effets d’une pédagogie visuelle par rapport à une pédagogie verbale.
Effets multiples, sur l’éveil de l’intelligence et sur le comportement.
Je me suis engagé 4 ans dans une classe de CM2, en quartier prioritaire pour mettre en œuvre ces idées.
Je creuse la question en lien avec des chercheurs et par des lectures.
Cette question m’a engagé.
Alors quelles questions posons-nous à nos élèves ?
Ces questions sont-elles engageantes ?
Restons-nous au raz des pâquerettes, au niveau de problèmes de tubes de colle et de crottes de nez et de qui a tapé dans le ballon ?
Avons-nous l’audace de suivre les élèves dans leur quête d’absolu ?
Acceptons-nous de vivre avec des questions ?
Donnons-nous des réponses systématiquement ? Tout de suite ?
Vivre avec une question ne signifie pas vivre dans un doute permanent.
Mais il s’agit de se mettre en quête au delà de nos cours, de nos progressions, du savoir que nous avons à transmettre.
« Les images auront-elles raison de nous ? »
Je ne répondrai pas tout de suite.
Car j’ai l’impression que le succès de cette question sur moi furent ces trois éléments :
Qu’elle ne m’était pas posée directement, ce qui me faisait entrer avec confiance dans la gratuité du questionnement.
Que personne ne tenta de la résoudre : ni même moi, dans un premier temps.
Qu’elle touchait quelque chose de profond qui résonnait en moi.
Peut-être, gardons ces éléments comme guide en classe :
La confiance et la gratuité du questionnement.
Sans pression de réponse.
Nourrissant une connaissance intime des élèves.
Demain, je soutiendrai à l’université un projet de recherche en sciences de l’éducation.
Autour de cette question.
Et je vous partagerai le fruit de mon année de recherche dans la prochaine lettre.
En attendant,
Voici quelques idées sur comment développer le questionnement en classe.
Merci pour votre lecture et bon mercredi !
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