Ah, tu fais du Montessori !?
Dialogue avec des amis non-enseignants
Montessori, tout le monde en parle.
Quand je raconte à mes amis que je travaille dans une école qui a une pédagogie particulière.
Tous, ont la même réaction :
« Ah, tu fais du Montessori !? »
Et là, je dois leur dire que non.
Leur mine se défait.
Car ils sont arrivés au bout de leur culture pédagogique.
Et moi, je me sens bête.
Car je dois me lancer dans des explications pédagogiques qui n’intéressent personne.
Et le désarroi se lit sur leur visage.
Mais c’est comme si je disais à un industriel
Qui me dit faire de l’innovation dans son secteur :
“Ah, tu fais du Taylorisme !?”
C’est que les deux datent de la même époque.
A cause de cela, je crois avoir boudé Montessori pendant un certain temps.
La méthode, le business, la marque derrière.
Jusqu’au jour où j’ai vu un film en italien sur sa vie (gratuit sur Youtube Una vita per i bambini) traduit en français ici (mais payant), que je vous conseille pour les vacances.
J’ai appris un tas de choses incroyables.
C’est pourquoi, je souhaiterais vous parler non pas de Montessori, mais de Maria Montessori.
Une ténacité de dingue
C’est l’une des premières femmes médecin d’Italie.
Elle aurait dit au doyen de l’Université de Rome qui hésitait à l’inscrire (car elle aurait été la première femme admise) :
« De toute façon Monsieur, je sais que je serai médecin »
Une proximité des plus pauvres
C’est en travaillant avec les élèves laissés de côté qu’elle a fondé son travail.
En tant que professeur, suis-je conscient que c’est avec les élèves que la société met de côté que se joue la plus grande source d’innovation pédagogique ?
Un sacrifice personnel
Elle eut un enfant avant le mariage, qu’elle ne put reconnaître.
Elle dût accoucher à la campagne dans le plus grand secret.
Puis, elle ne put lui rendre visite que très rarement, sans jamais lui dévoiler qu’elle était sa mère.
Il s’appelait Mario, sans doute un clin d’œil pour qu’il retrouve sa mère Maria.
Celle qui dédia sa vie aux enfants, fut empêchée de vivre sa maternité.
Elle mit l’enfant au centre
Sortant d’une vision machiniste de l’époque, qui concevait l’enfant comme un être répondant à des stimulus.
Entrant pleinement dans sa psychologie, nouvelle et différente de l’adulte.
Définissant le caprice comme le concept inventé par les adultes quand ils ne comprennent plus leur enfant.
Elle allia la rigueur d’une “dottoressa” avec l’humanisme d’une mère.
Elle eut une ambition mondiale
S’opposa à Mussolini qui dévoyait sa pédagogie.
La diffusa aux Etats-Unis, en Espagne et mourut aux Pays-Bas.
Relisons ses livres.
Relisons sa vie.
Car j’ai la conviction que nous pouvons vivre de son esprit
Sans être dans une classe Montessori.
Alors, ne faisons pas du Montessori !
Mais inspirons-nous de Maria Montessori.
Que faut-il retenir de Maria ?
Deux choses à mon sens :
Son sens de l’observation : l’attention au détail qui stimule sa réflexion et des hypothèses pour trouver la clé de chaque enfant. C’est tout l’objectif de l’application Le p’tit observatoire.
C’est avec les élèves les plus difficiles que se joue l’innovation pédagogique. Car ils nous poussent à explorer de nouvelles voies.
Bonnes vacances à chacun et on se retrouve à la rentrée !